Le passeur.

Publié le par Charlotte

"Un jour, un homme sur le chemin de la (re)connaissance, croisa un passeur assis au bord

du fleuve. Fatigué de son voyage qu'il avait commencé il y a bien des années, il demanda au

 passeur la permission de se reposer auprès de lui; permission que le passeur s'empressa

d'accorder au voyageur fatigué.

-D'où viens-tu et où vas-tu? dit le drôle de personnage à son hôte.

Je viens du passé et je vais vers l'avenir à la recherche de la béatitude, du nirvana,et ce depuis

 ma naissance, répondit le voyageur.

-C'est bien mon ami, mais où en es-tu de ton voyage aujourd'hui?

-Je ne sais pas où j'en suis car j'ai étudié des années, j'ai parcouru le monde dans tous les sens,

j'ai médité et suivi les enseignements des grands Maîtres, j'ai renoncé à m'installer, à aimer un

 autre être, j'ai fait voeu de chasteté et de célibat, j'ai travaillé mes défauts, ma colère,

 ma vanité, mon orgueil, mon égoïsme, j'ai prié, prié, prié, et même abandonné Dieu!

Aujourd'hui, je suis près de toi et je constate que je ne suis rien. Mais toi passeur, dans tes

yeux, je vois quelque chose de merveilleux, j' y vois ce que je cherche depuis tant d'années

sans y mettre un nom. Dis-moi, qu'as-tu fait, enseigne-moi, montre-moi le secret.

-Ce que j'ai fait? Moi aussi comme toi j'ai cherché. Dans ma jeunesse, j'ai même cru que j'avais

atteint le portail de la vérité. Mais derrière cette porte, il n'y avait absolument rien! Il m'a

fallu réapprendre à vivre! A vivre mes colères, à vivre mes vanités, à vivre l'orgueil et

 l'égoïsme, apprendre la vie de couple, apprendre la jalousie et la possession, apprendre à

réapprendre, à vivre les initiations, les débuts sans fin...

Jusqu'au moment où la vie m'a montré dans les épreuves, dans les défauts, dans mes défauts...

Où j'ai enfin compris que la pierre était un être en devenir,

qu'une colère était une paix en devenir,

que la méchanceté était du bon en devenir,

que le mensonge était la vérité en devenir,

que la haine était de l'amour en devenir,

que l'ombre était de la lumière en devenir.

J'ai compris qu'il n'y aurait rien à attendre, 

que  le passé soit du futur en devenir

et par conséquent du présent en l'état.

A ce moment là, j'ai senti poindre en mon coeur, en mon âme, cette ultime vérité du moment:

il n'y a que l'amour, et cet amour permet d'atteindre la sublime illusion de la béatitude.

La seule chose, c'est d'aimer, aimer la pierre, le vent, la mer,

aimer la colère, la méchanceté, la bêtise.

Aimer le monstre comme le saint, aimer ton corps, ton âme et ton esprit

et peu importe s'il n'est pas parfait

car là aussi il faut aimer son imperfection."





 
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F
Ton texte me fait penser à la manière dont Spinoza décrit le monde, c'est à dire au delà du bien ou du mal.
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C
Bien sûr, avec un immense plaisir: les idées sont faites pour être partagées.<br /> Ton offre me touche, c'est toujours une forme d'hommage et je te remercie vivement.<br /> Bien à toi,
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K
Je ne connaissais pas ce joli texte à méditer. L'amour change tout, pas toujours facile de tout aimer surtout quand il est question de méchanceté, de colère, de monstre... et pourtant ces "côtés sombres" font partie de la vie. <br /> J'ai appris qu'il fallait de la pluie et du soleil pour faire un arc-en-ciel.<br /> Si tu le permets, j'aimerais faire un billet pour parler de ton blog et de ton livre et pour ce faire prendre un texte de ton blog avec un lien vers celui-ci. Si tu acceptes, je le posterai la semaine prochaine car je ne poste plus qu'une fois par semaine maintenant. Une gestion de mon blog que j'applique depuis peu et qui me permet de faire beaucoup d'autres choses et notamment de lire, de découvrir et d'apprécier de jolis blogs comme le tien.<br /> Je te souhaite de vivre une bonne journée. <br /> Bien amicalement
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